Historique et évolution règementaire de la profession IADE, Décembre 2017, S.Taland | |
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"Quand j'étais infirmière anesthésiste" Retrouvez ci dessous les extraits vidéos du DVD édité par le Club de l'Histoire de l'Anesthésie Réanimation, avec l'aimable autorisation de M. Jean-Bernard Cazalaà. Présenté lors de la réunion du Club de l'Histoire de l'Anesthésie Réanimation de mars 2010 lors des JEPU, ce DVD donne à voir et à entendre des témoignages sur la réalité de la profession d’IADE à ses débuts. Mme Elisabeth Balagny retrace dans la cinquième partie l’évolution de la profession et de sa reconnaissance juridique. |
A LA FIN DES ANNEES 1980
La France possède 23 écoles civiles et militaires. Les associations d’infirmiers anesthésistes assurent la formation continue. Ils sont, dans leur grande majorité, salariés d’établissements publics ou privés parfois même de médecins anesthésistes.
L’exercice libéral s’éteint progressivement. Les progrès de la médecine en général entraînent la présence de patients de plus en plus lourds et une chirurgie de plus en plus complexe. L’anesthésie est devenue une spécialité médicale à part entière, les infirmiers anesthésistes dans leur majorité acceptent cette évolution.
1982 sonne la fin du CES médical d’anesthésie (décision politique). Le ministère estime en sur la base de projections qu’une pénurie des médecins anesthésistes interviendra à partir de 2005.
1988, fut une grande année pour les infirmiers anesthésistes. Avec le SNIA, figure de proue de la lutte, les IADE obtiennent l’exclusivité de compétence, un nouveau titre professionnel, infirmier spécialisé en anesthésie-réanimation (ISAR), un programme d’études. Celui-ci positionne de manière claire la pédagogie sous l’autorité de DRASS et la gestion sous celle d’un CHU. Le directeur scientifique est obligatoirement un professeur des universités, qualifié en anesthésie-réanimation. La formation entre indirectement dans la sphère universitaire. En 1991, les infirmiers anesthésistes se mobilisent une seconde fois et obtiennent que leurs études soient sanctionnées par un diplômé d’Etat (IADE).
1989, le SNIA est co-fondateur de la Fédération internationale des infirmiers anesthésistes (IFNA), elle regroupe 11 pays.
BILAN EN 2002
Le décret relatif aux actes professionnels et à l‘exercice de la profession d’infirmier de 1993 réaffirme l’exclusivité de compétence et positionne l’infirmier anesthésiste par rapport au médecin anesthésiste-réanimateur. Celui de 2002 reprend pratiquement dans les mêmes termes le contenu et y ajoute les soins spécifiques en anesthésie et à l’initiative du médecin anesthésiste-réanimateur,
La Société française d’anesthésie et de réanimation (SFAR) avec le SNIA et le Comité d’entente des écoles d’infirmiers anesthésistes diplômés d’Etat (CEEIADE) rédigent en 1994 des recommandations. En 2002, le SNIA élabore aussi des recommandations relatives à l’exercice de la profession d’infirmiers anesthésistes.
Les infirmiers anesthésistes français sont un moteur important dans l’ouverture internationale. Ils sont parmi le plus haut niveau de formation et les seuls à posséder une exclusivité de compétence. En Europe, les équivalences IA sont gérées selon des directives communautaires. La France a mis en place une législation pour évaluer la qualification des demandeurs. Point d’orgue de cette période, le Congrès mondial des Infirmiers anesthésistes qui s’est tenu à Paris, il reste dans la mémoire de tous un des moments fort de la profession, sorte d’apothéose.
En 2002, tous les infirmiers anesthésistes sont des salariés, condition sine qua non pour la prise en charge par les assurances. C’est la seule profession réglementée en Europe parmi les infirmiers spécialisés. Elle bénéficie dans le secteur public d’un corps professionnel, d’un statut et d’une grille de salaire spécifique. Les infirmiers anesthésistes, dans les services, d’anesthésie sont gérés par de cadres issus de leur corps.
Les organisations professionnelles, le syndicat national des infirmiers anesthésistes intervient sur tout ce qui concerne le statutaire, les conditions de travail, pour ces sujets, le SNIA est un interlocuteur privilégié pour le ministère. Il peut ester en justice pour tout ce qui est contraire aux intérêts de la profession infirmière en général et pour les infirmiers anesthésistes en particulier. Avec le CEEIADE il contribue à la rédaction du programme des études. Il réalise régulièrement des enquêtes démographiques et de pratiques déclarées. Le SNIA représente la profession dans toutes les instances, il siège de droit au Conseil supérieur des professions paramédicales devenu Haut Conseil des Professions Paramédicales (HCPP). De nombreuses associations d’infirmiers anesthésistes assurent un maillage national en matière de formation continue, ainsi plus de 90 % de la population bénéficient chaque année de une ou plusieurs sessions de formation.
2002 – 2008 - LES NOUVEAUX CHAMPS DE BATAILLE
Il existe 27 écoles civiles et 2 militaires qui forment par an environ 500 infirmiers anesthésistes, chiffre qui évolue peu depuis de nombreuses années. Il n’a pas pris en compte le vieillissement de la population. Dans les 10 ans plus de 25 % d’entre eux partiront en retraite. La pénurie est déjà présente.
La formation
Le financement des études est désormais confié à la région siège des écoles. Elles sont soumises désormais à la politique de chaque région sans coordination nationale. Les directeurs sont entrés dans le cadre des directeurs de soins. Certaines écoles sont dirigées actuellement par des personnes non IADE menaçant ainsi la qualité de la formation.
La Valorisation des acquis de l’expérience (VAE).
La mise en place de la VAE par le ministère pour toutes le professions de santé a conduit le SNIA et le CEEIADE à réaliser et financer sous l’égide de spécialistes un référentiel de compétences. Ce référentiel sert aujourd’hui de base de négociation au groupe de travail dirigé par le ministère. La VAE a soulevé une inquiétude légitime dans l’ensemble de la profession. La cohésion des infirmiers anesthésistes, présents dans la commission d’élaboration, permet de penser que les travaux actuels ne pourront pas remettre en cause l’exclusivité de compétence d’un part et la qualité de la formation d’autre part. Les représentants de la SFAR certes discutent certains contenus de formation mais soutiennent l’accès à la profession d’IADE par la seule voie de la formation et d’un diplôme.
Le système Licence - Master - Doctorat (LMD)
Les IADE souhaitent que leur profession soit reconnue non pas au niveau licence professionnelle mais à celui de master. Pascal Rod, directeur exécutif d’IFNA, préside l’ESNO (Organisation européenne des infirmiers spécialisés), il défend cet objectif au nom de la France (SNIA) et de l’IFNA dans toutes les réunions des groupes de travail communautaires.
L’ordre Infirmier
Le SNIA était profondément hostile à la création de l’ordre dans sa forme actuelle car les infirmiers spécialisés ne sont pas représentés en tant que tels. Le SNIA était favorable à une organisation fédératrice de la profession infirmière dans laquelle l’identité de chaque composante aurait été reconnue.
Ne pouvant lutter contre une loi votée par le Parlement de la République et selon le vieil adage, « pour peser sur les décisions mieux vaut être dedans que dehors », le SNIA a appelé ses membres à se porter candidat en grand nombre. Ainsi les infirmiers anesthésistes entreront sans doute massivement dans toutes les instances et pourront y défendre nos spécificités et notre identité.
[LE RECIT DU MOUVEMENT HISTORIQUE DE 2010 N'A PAS ÉTÉ MIS A JOUR, il sera publié quand nos activités de représentation et de défense urgentes nous le permettront ]
[LE RECIT DU MOUVEMENT DE 2014-2015-2016 N'A PAS ÉTÉ MIS A JOUR, il sera publié quand nos activités de représentation et de défense urgentes nous le permettront ]
CONCLUSION
La pugnacité des dirigeants du SNIA depuis 1951 a permis de remporter ces batailles sur tous les fronts. Seule, une organisations professionnelle forte avec le soutien de tous peut conduire tous ces combats. Il faut savoir que l’adversaire est dans tous les camps et la vigilance est de mise hier, aujourd’hui et demain, rien n’est jamais acquis.
Cinquante ans pour obtenir un statut professionnel, cela peut paraître long mais l’essentiel était non seulement de survivre mais aussi de se développer et de progresser dans tous les domaines. La volonté de rester ancrée dans la profession infirmière, de contribuer à la sécurité des patients anesthésiés et d’inscrire l’action dans une spécialité médicale n’est pas à mettre en doute. La qualité de la formation, la motivation et la compétence professionnelle des IADE en font un des acteurs indispensables du processus anesthésique. Devant la pénurie de professionnels de la spécialité qui s’annonce, l’existence d’un corps d’infirmiers anesthésistes de haut niveau est un atout important. Les organisations de médecins anesthésistes ne le mesurent pas toujours.
Au total, en 2008, pour ne retenir que quelques sujets on constate que la profession d’infirmier anesthésiste est en perpétuelle mutation, que le combat n’est jamais fini, après les médecins, les règlements et les lois… mais elle reste avant tout au service des patients.
La France possède 23 écoles civiles et militaires. Les associations d’infirmiers anesthésistes assurent la formation continue. Ils sont, dans leur grande majorité, salariés d’établissements publics ou privés parfois même de médecins anesthésistes.
L’exercice libéral s’éteint progressivement. Les progrès de la médecine en général entraînent la présence de patients de plus en plus lourds et une chirurgie de plus en plus complexe. L’anesthésie est devenue une spécialité médicale à part entière, les infirmiers anesthésistes dans leur majorité acceptent cette évolution.
1982 sonne la fin du CES médical d’anesthésie (décision politique). Le ministère estime en sur la base de projections qu’une pénurie des médecins anesthésistes interviendra à partir de 2005.
1988, fut une grande année pour les infirmiers anesthésistes. Avec le SNIA, figure de proue de la lutte, les IADE obtiennent l’exclusivité de compétence, un nouveau titre professionnel, infirmier spécialisé en anesthésie-réanimation (ISAR), un programme d’études. Celui-ci positionne de manière claire la pédagogie sous l’autorité de DRASS et la gestion sous celle d’un CHU. Le directeur scientifique est obligatoirement un professeur des universités, qualifié en anesthésie-réanimation. La formation entre indirectement dans la sphère universitaire. En 1991, les infirmiers anesthésistes se mobilisent une seconde fois et obtiennent que leurs études soient sanctionnées par un diplômé d’Etat (IADE).
1989, le SNIA est co-fondateur de la Fédération internationale des infirmiers anesthésistes (IFNA), elle regroupe 11 pays.
BILAN EN 2002
Le décret relatif aux actes professionnels et à l‘exercice de la profession d’infirmier de 1993 réaffirme l’exclusivité de compétence et positionne l’infirmier anesthésiste par rapport au médecin anesthésiste-réanimateur. Celui de 2002 reprend pratiquement dans les mêmes termes le contenu et y ajoute les soins spécifiques en anesthésie et à l’initiative du médecin anesthésiste-réanimateur,
La Société française d’anesthésie et de réanimation (SFAR) avec le SNIA et le Comité d’entente des écoles d’infirmiers anesthésistes diplômés d’Etat (CEEIADE) rédigent en 1994 des recommandations. En 2002, le SNIA élabore aussi des recommandations relatives à l’exercice de la profession d’infirmiers anesthésistes.
Les infirmiers anesthésistes français sont un moteur important dans l’ouverture internationale. Ils sont parmi le plus haut niveau de formation et les seuls à posséder une exclusivité de compétence. En Europe, les équivalences IA sont gérées selon des directives communautaires. La France a mis en place une législation pour évaluer la qualification des demandeurs. Point d’orgue de cette période, le Congrès mondial des Infirmiers anesthésistes qui s’est tenu à Paris, il reste dans la mémoire de tous un des moments fort de la profession, sorte d’apothéose.
En 2002, tous les infirmiers anesthésistes sont des salariés, condition sine qua non pour la prise en charge par les assurances. C’est la seule profession réglementée en Europe parmi les infirmiers spécialisés. Elle bénéficie dans le secteur public d’un corps professionnel, d’un statut et d’une grille de salaire spécifique. Les infirmiers anesthésistes, dans les services, d’anesthésie sont gérés par de cadres issus de leur corps.
Les organisations professionnelles, le syndicat national des infirmiers anesthésistes intervient sur tout ce qui concerne le statutaire, les conditions de travail, pour ces sujets, le SNIA est un interlocuteur privilégié pour le ministère. Il peut ester en justice pour tout ce qui est contraire aux intérêts de la profession infirmière en général et pour les infirmiers anesthésistes en particulier. Avec le CEEIADE il contribue à la rédaction du programme des études. Il réalise régulièrement des enquêtes démographiques et de pratiques déclarées. Le SNIA représente la profession dans toutes les instances, il siège de droit au Conseil supérieur des professions paramédicales devenu Haut Conseil des Professions Paramédicales (HCPP). De nombreuses associations d’infirmiers anesthésistes assurent un maillage national en matière de formation continue, ainsi plus de 90 % de la population bénéficient chaque année de une ou plusieurs sessions de formation.
2002 – 2008 - LES NOUVEAUX CHAMPS DE BATAILLE
Il existe 27 écoles civiles et 2 militaires qui forment par an environ 500 infirmiers anesthésistes, chiffre qui évolue peu depuis de nombreuses années. Il n’a pas pris en compte le vieillissement de la population. Dans les 10 ans plus de 25 % d’entre eux partiront en retraite. La pénurie est déjà présente.
La formation
Le financement des études est désormais confié à la région siège des écoles. Elles sont soumises désormais à la politique de chaque région sans coordination nationale. Les directeurs sont entrés dans le cadre des directeurs de soins. Certaines écoles sont dirigées actuellement par des personnes non IADE menaçant ainsi la qualité de la formation.
La Valorisation des acquis de l’expérience (VAE).
La mise en place de la VAE par le ministère pour toutes le professions de santé a conduit le SNIA et le CEEIADE à réaliser et financer sous l’égide de spécialistes un référentiel de compétences. Ce référentiel sert aujourd’hui de base de négociation au groupe de travail dirigé par le ministère. La VAE a soulevé une inquiétude légitime dans l’ensemble de la profession. La cohésion des infirmiers anesthésistes, présents dans la commission d’élaboration, permet de penser que les travaux actuels ne pourront pas remettre en cause l’exclusivité de compétence d’un part et la qualité de la formation d’autre part. Les représentants de la SFAR certes discutent certains contenus de formation mais soutiennent l’accès à la profession d’IADE par la seule voie de la formation et d’un diplôme.
Le système Licence - Master - Doctorat (LMD)
Les IADE souhaitent que leur profession soit reconnue non pas au niveau licence professionnelle mais à celui de master. Pascal Rod, directeur exécutif d’IFNA, préside l’ESNO (Organisation européenne des infirmiers spécialisés), il défend cet objectif au nom de la France (SNIA) et de l’IFNA dans toutes les réunions des groupes de travail communautaires.
L’ordre Infirmier
Le SNIA était profondément hostile à la création de l’ordre dans sa forme actuelle car les infirmiers spécialisés ne sont pas représentés en tant que tels. Le SNIA était favorable à une organisation fédératrice de la profession infirmière dans laquelle l’identité de chaque composante aurait été reconnue.
Ne pouvant lutter contre une loi votée par le Parlement de la République et selon le vieil adage, « pour peser sur les décisions mieux vaut être dedans que dehors », le SNIA a appelé ses membres à se porter candidat en grand nombre. Ainsi les infirmiers anesthésistes entreront sans doute massivement dans toutes les instances et pourront y défendre nos spécificités et notre identité.
[LE RECIT DU MOUVEMENT HISTORIQUE DE 2010 N'A PAS ÉTÉ MIS A JOUR, il sera publié quand nos activités de représentation et de défense urgentes nous le permettront ]
[LE RECIT DU MOUVEMENT DE 2014-2015-2016 N'A PAS ÉTÉ MIS A JOUR, il sera publié quand nos activités de représentation et de défense urgentes nous le permettront ]
CONCLUSION
La pugnacité des dirigeants du SNIA depuis 1951 a permis de remporter ces batailles sur tous les fronts. Seule, une organisations professionnelle forte avec le soutien de tous peut conduire tous ces combats. Il faut savoir que l’adversaire est dans tous les camps et la vigilance est de mise hier, aujourd’hui et demain, rien n’est jamais acquis.
Cinquante ans pour obtenir un statut professionnel, cela peut paraître long mais l’essentiel était non seulement de survivre mais aussi de se développer et de progresser dans tous les domaines. La volonté de rester ancrée dans la profession infirmière, de contribuer à la sécurité des patients anesthésiés et d’inscrire l’action dans une spécialité médicale n’est pas à mettre en doute. La qualité de la formation, la motivation et la compétence professionnelle des IADE en font un des acteurs indispensables du processus anesthésique. Devant la pénurie de professionnels de la spécialité qui s’annonce, l’existence d’un corps d’infirmiers anesthésistes de haut niveau est un atout important. Les organisations de médecins anesthésistes ne le mesurent pas toujours.
Au total, en 2008, pour ne retenir que quelques sujets on constate que la profession d’infirmier anesthésiste est en perpétuelle mutation, que le combat n’est jamais fini, après les médecins, les règlements et les lois… mais elle reste avant tout au service des patients.
Un autre historique de la profession
A
son origine, l’anesthésie n’est pas une discipline médicale, mais une
activité satellite des chirurgiens. Ce sont généralement, en France, un
infirmier voir le chauffeur du chirurgien qui donne l’anesthésie, en
Norvège, les « endormeuses » dans les années trente, aux Etats-Unis des
infirmiers spécialisés regroupés en une association puissante dès 1928.
L’anesthésie s’organise, en Europe, surtout après la guerre sous
l’influence des armées de libération. L’armée américaine libère la
France, elle a dans son corps sanitaire des médecins anesthésistes mais
surtout des infirmiers anesthésistes. La Belgique, libérée par l’armée
anglaise qui n’en compte pas dans ses rangs, n’en a toujours pas. Ainsi
en 1945, se retrouvent sur les mêmes bancs de la faculté de médecine de
Paris, médecins et infirmiers pour une enseignement d’un an.
En 1949, est créé un enseignement destiné aux paramédicaux, sanctionné par une attestation de fin d’étude. En 1961, le premier programme d’étude en deux ans, d’un bon niveau de connaissances, est qualifié de « monstrueux » par les médecins, un certificat d’aptitude aux fonctions d’aide anesthésiste est délivré. Le ministère inscrit l’anesthésie générale dans les actes professionnels autorisés aux infirmiers. A partir de cette date le train est en marche, les infirmiers anesthésistes entrent dans le corps des infirmiers spécialisés et vont bénéficier d’un statut particulier avec leur propre filière et une représentativité de droit par l’intermédiaire de leur syndicat professionnel créé en 1951 par Anne de Casamajor. Mais quel est donc la fonction des infirmiers anesthésistes depuis 1961 ? La photographie professionnelle de 1961 montrerait, dans les hôpitaux généraux, une infirmière anesthésiste seule, faisant tout, le programme, les urgences, ballonnant à la main à tout va, un coup de « biniou », une voie veineuse ! Peu de médicaments et à l’élimination hasardeuse. Un peu plus tard, parfois le bonheur ! du « Fluotane » adieu l’éther ! Un chirurgien qu’il faut suivre sur les chemins de campagne conduisant ventre à terre de l’hôpital à la clinique. L’intubation ? Parfois, car ça retarde tout le monde, il faut extuber . Des morts ? Pas tant que çà ! Tous les malades chirurgicaux étaient en général en bonne santé. Les autres ? cardiaques, insuffisants rénaux, hypertendus…morts depuis longtemps. Les traitements médicaux étaient quasi inexistants. Dans les CHU, tout neufs (ordonnance de 1958), commençaient à apparaître des machines, des écrans tout petits avec des traits mobiles qui se brouillaient tout le temps, des respirateurs énormes, des médecins anesthésistes, l’infirmière anesthésiste faisait tout, l’anesthésie au gré de l’humeur des uns ou des autres et selon les heures de la journée, la maintenance des appareils, le ménage des placards, essuyant une à une les ampoules sous l’œil vigilant de la panseuse. 1971 Le programme des études paraît au journal officiel. Plusieurs écoles ouvrent, la formation de la faculté de médecine est arrêtée et l’Assistance Publique de Paris ouvre une école en 1973. 1974 : Coup de Trafalgar ! Les médecins anesthésistes réalisent deux choses importantes, l’anesthésie peut rapporter gros en clinique et du pouvoir à l’hôpital public. Alors, on décide de faire entrer les infirmiers anesthésistes dans un cadre en voie d’extinction et de créer des biotechniciens sans formation en soins. Mais la lutte est ouverte ! Le syndicat des infirmiers anesthésistes, les directeurs d’hôpitaux et certains médecins anesthésistes obtiennent le retrait de l’amendement déposé au Parlement. Le rôle de l’infirmier anesthésiste va se structurer progressivement au sein d’un service d’anesthésie dirigé par un médecin anesthésiste-réanimateur et sous la responsabilité d’un cadre de la spécialité. L’infirmier anesthésiste n’est plus seul, mais membre d’une équipe, il va travailler en complémentarité avec des médecins anesthésistes réanimateurs. Les missions se clarifient, son exclusivité de compétence, obtenue en 1988 le protège. Le programme de 1988, confirmé par celui de 2002, définit clairement les champs d’exercice. Aujourd’hui, tous les infirmiers anesthésistes sont salariés d’un hôpital, d’une clinique ou d’un groupement médical d’anesthésie. Ses missions sont celles de soignants en anesthésie, la prise en charge du malade par l’infirmier anesthésiste au sein du processus anesthésique. Il assure au patient des soins de haute technicité et une relation humaine privilégiée. Il garant de la sécurité en anesthésie par le suivi du matériel et tous les contrôles qu’il opère. L’infirmier anesthésiste compétent n’est plus celui des années soixante qui, comme le bodhisattva Avalokitesvara aux mille mains, faisait tout et partout. Aujourd’hui, sa compétence individuelle est à «restituer au sein de la compétence collective d’une équipe et d’un réseau ». E. Balagny, membre associé du SNIA |
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